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Atlas et moyen atlas 07 2008 - commentaires et trajet


LFA

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Ben, voilà l'itinéraire et les commentaires.. Sorry, c'est long. En fait un copié-collé de ce que je viens d'envoyer sur le site Marocen4x4.

Pour les photos, voir: http://picasaweb.google.be/lfalfa7/MarocJuillet2008

C’est la dixième fois que nous voyageons au Maroc. La deuxième fois cette année.

Nous avons décidé de rouler moins que d’habitude, de traîner un peu plus, de visiter mieux, et de rester en altitude, donc dans l’Atlas, pour y avoir moins chaud. Le hasard et les circonstances font que nous serons servis…

 

Après une traversée sans problème de l’Espagne par les nouvelles autoroutes de l’ouest, via Burgos, Salamanca, Cacéres, Séville, nous passons le détroit entre Algeciras et Ceuta. (NB : Pour ceux que cela intéresserait, je recommande un site de bivouac sauvage hyper sympa que nous avons pratiqué à l’aller comme au retour. Sortir de l’autoroute à Canaveral, 30 kms avant Caceres. Traverser Canaveral et poursuivre jusqu’au lac de retenue sur le Tage. Prendre à gauche vers Caceres. Trouver un accès vers le lac. Il y en a plusieurs. Le pied !.. Plusieurs kms de rivages découverts accessibles par plein de petites pistes roulantes. A 8h du mat, la guardia civil qui nous avait pourtant repérés ne s’est même pas arrêtée. Quelques rares 4x4 de pêcheurs, mais qui quittent le soir. Des locaux qui viennent se baigner à 9PM et repartent nuit tombée…).

 

Ferry à Algeciras : à deux plus le 4x4, AR open à 352,80 €. Bien plus cher qu’il y a 3 mois…

Première déconvenue, le passage de la frontière marocaine se fait de façon moins rapide qu’à Pâques, compte tenu du nombre important d’immigrés de retour au pays et de l’organisation enfin rationnelle des douanes et police (tous dans la queue, voiture par voiture). Ce fut donc plus lent mais moins stressant… Les émigrés klaxonnent en chœur, les policiers s’en foutent. Marrant.

 

Passé Chefchaouen, où nous commençons à avoir nos petites habitudes, nous poussons vers Kétama, puis coupons vers Fès via de petites pistes sympas, dans les collines et à travers de drôles de plantations, en cours de récoltes.

 

Seconde nuit au Maroc : nous logeons dans notre tente de toit au gite du Daiet Aoua, tout à fait recommandable pour ne pas dire classy (à l’échelle marocaine) puis poursuivons par la piste T1c du Gandini tome 1, dernière version. Piste facile et sympathique dans la forêt. Nous sommes quand même obligés de pousser quelques blocs de pierre éboulés et qui bloquent la piste. Rien de bien grave. Nous poursuivons ensuite vers le sud et prenons alors la piste V1 vers Ifkern car nous voulons voir les traces de pas de dinosaures (pistes EM1 et EM2).

Ce fut la journée « pas de chance ». La piste V1 démarre très sympa dans de petites colines et au milieu de champs de blés en cours de récolte.

Elle devient ensuite de plus en plus floue pour devenir franchement bizarre avec de grands chardons de 60 à 80 cm de haut entre les deux vagues traces de roues. Au km 18, plus rien, si ce n’est une piste muletière. Je continue donc façon trial dans un fond d’oued, puis à pied, et vérifie qu’au km19.2, il y a bien un oued qui descend à droite, comme dans le Gandini. Par contre plus aucune trace de piste, et le hors piste semble loin d’être évident pour ne pas dire impossible. Déçus, nous faisons demi-tour et contournons pas le goudron pour rejoindre la piste EM1 vers le gisement de traces de dinosaures. Cette piste semble elle aussi, très peu pratiquée. On le comprend…

Hyper cassante, avec certains passages scabreux sur la fin, en 1ère courte dans la caillasse. Enfin nous nous garons sous le grand caroubier de service à quelques centaines de mètres des traces. Pendant ce temps le tonnerre gronde et le ciel s’obscurcit rapidement. Cela devient une course contre la montre. Des gosses rencontrés sur place semblent craintifs. Aucun ne parle français. Nous cherchons donc ces fameuses traces sans résultat. Manifestement, les locaux se demandent ce que nous faisons. Finalement, l’orage l’emporte…Nous quittons donc précipitamment le site sans avoir réussi à voir ce que nous cherchions, dans des tourbillons de vent et les éclairs, mais sans pluie.

Goudron jusqu’à Timlay où nous campons confortablement. Adresse à retenir.

 

Le lendemain, départ vers la piste K1 via Aït Oumghar. Grosse erreur… Manifestement à cause de la nouvelle piste « autoroute », nous avons loupé le vrai début de la K1. Quelques kms après le village, la piste que nous croyons être la bonne, à flan de montagne, disparaît dans les champs, bien que bordée de murets à gauche et à droite, sans doute pour mieux forcer l’usager à se taper trous et cailloux énormes. Ensuite, elle est coupée à plusieurs reprises par des ravinements transversaux de plusieurs mètres de profondeurs.

Comme nous voyons une autre piste (la bonne ?) à quelques centaines de mètres, et comme nous sentons que nous allons la rejoindre, nous persévérons. Heureusement, un berger accourt et nous indique une trace de tracteur agricole qui serait passé par là quelques jours auparavant. Effectivement, cela marche (cela nous aura quand même pris une paire d’heures) et nous parvenons enfin après quelques dévers et montées héroïques, à rejoindre cette piste qui arrive rapidement au dessus d’un petit plateau. Devant, en contrebas, l’entrée des gorges de Jaffar, à droite en montée un semblant de piste vers Tounfite me dit-on. Et c’est parti.

Après une montée longue et étroite dans un oued-piste-éboulis pratiquables, nous voilà au dessus de Jaffar, où nous rejoignons une bonne et belle piste Midelt-Tounfite sans histoire et en altitude. Sympa.

Passé la maison forestière, nous laissons la piste vers Tounfite et descendons à droite vers l’Oued Asegmir pour retrouver la station hydrologique et les gorges de Tabouazant. Nous y faisons la connaissance d’un jeune gars de 18 ans, très sympa, qui nous indique le chemin un peu tordu de la fin du trajet vers les gorges, puis nous accompagne à pied pour la remontée de celles-ci.

Génial, les pieds dans l’eau par cette chaleur. Nous en profitons à l’aise, un peu refroidis quand même quand nous tombons sur une vipère prenant le soleil sur la berge.

Son corps semble déformé par la proie qu’elle vient manifestement d’ingurgiter (une grenouille ?). Au retour, nous la retrouvons lovée dans un rocher, pratiquement au même endroit. Cela nage dans l’eau, ces bestiaux ? J’ai juré que non à mon épouse, mais j’aimerais savoir…

Ensuite, par une piste-autoroute à 4 voies (véridique) puis par une route fraîchement asphaltée nous rejoignons Tounfite et bivouaquons dans la montagne dans une clairière au milieu des cèdres, à quelques centaines de mètres de champs de blés en cours de moissons. Une vingtaine de types un peu rustauds y travaillent, pliés en deux, avec de petites faucilles à manches courts, l’un d’entre eux chante sans arrêt. Je peux affirmer qu’ils commencent leur travail à 7AM et terminent au coucher du soleil à 9PM. Chapeau !…A cette saison, il y en a partout. Généralement, ils font de grands signes à notre passage pour réclamer une cigarette ou de l’eau. Moins collants en tous cas que les gosses que nous rencontrerons par ailleurs…

 

Le lendemain, nous poursuivons notre route vers Aghbala.

La catastrophe…Après Sidi Yahia, la piste J5 se transforme en nouvelle piste fraîchement taillée à flanc de coteau. Elle ne correspond plus au descriptif du Gandini qui parle de suivre une ligne de crête à partir du km 30. Cette piste n’est ni difficile, ni inconfortable. Elle est simplement hyper dangereuse. En effet, elle suit les courbes de niveau, dans le bas de la vallée, sinueuse au possible. Elle fait à peine 2 m de large. De temps en temps des dos d’ânes viennent corser le jeu. Dans un de ces dos d’âne, en courbe, je roulais quasiment au jugé (impossible de voir quoi que ce soit derrière le monstrueux capot du Patrol) quand mon épouse, penchée par la fenêtre pour contrôler la distance entre carrosserie et rocher, me hurle de stopper. Je pile, descend de voiture et manque de me retrouver 20 m plus bas. La roue AVG était quasiment à 10 cm du vide. De semblables poussées d’adrénaline se sont renouvelées quelques fois au point que mon épouse a préféré continuer à pied devant la voiture dès que cela devenait de nouveau scabreux.

A Aghbala, nous retrouvons le goudron et remontons vers Imilchil et l’auberge du lac de Tislite où nous avons nos habitudes chez la gentille Malika.

 

Nous y restons deux jours pendant lesquels je ferai un peu de mécanique, notamment pour arranger un problème de silent bloc d’amortisseur AVD. Il me faudra quelques heures pour arriver à déboulonner écrous et contre-écrou de tête, enfoncés dans la rondelle métallique déformée en entonnoir. Impossible d’y glisser les deux clefs de 19. Avec une seule clef, c’est la tige de l’amortisseur qui tourne folle. Finalement, j’y arrive sans trop savoir comment, et je double la rondelle pour empêcher sa déformation et donc la destruction accélérée du silent bloc.

Il fait magnifique sur le lac de Tislite. Malheureusement toutes les après-midi, le vent devient de plus en plus fort jusqu’à devenir franchement désagréable.

Nous y rencontrons un vieux français pied noir, Edgard, 78 ans, absolument fabuleux. En pleine forme, volubile, accent délicieux. Et cerise sur le gâteau, il a habité à quelques kms de chez nous, lorsque nous avons passé 2 ans en Algérie à Bouzareah en 75-77. Il rentre de Dakhla et se repose un peu avant de remonter vers Casablanca, puis le Portugal, puis Arles où il habite maintenant.

Plongée dans l’histoire contemporaine française, que nous belges, connaissons assez mal, et dans une vie riche d’expériences diverses et plus encore d’un amour rare de la vie. Une belle rencontre.

Nous visitons avec lui (il parle berbère et arabe) le souk des animaux du dimanche matin à Imilchil. Ce qui nous fait voir les choses quelque peu différemment.

 

Nous rencontrons aussi 2 jeunes flamands de Gent, 24 et 28 ans, équipés du strict minimum, qui voyagent en stop, camion ou taxi, qui marchent beaucoup, mangent et couchent n’importe où (ils sont systématiquement invités les autochtones)… Ils recherchent le contact avec la population et semblent ravis de leur expérience.

 

Nous repartons ensuite pour Tassent et la piste H6. A peine sorti du goudron, il y a en début de piste un petit gué dans lequel nous nous offrons un beau croisement de pont. A ce moment, et pour la xième fois, KLANGGG, grand bruit métallique anormal à l’arrière. Je passe sur les détails. En résumé, je roulais depuis le début du voyage, en omettant de débrancher la barre stabilisatrice dans les zones trialisantes. Sur le Patrol, il suffit de pousser sur un interrupteur pour qu’elle se déconnecte… Je l’ai oublié. Mea culpa. Or, comme j’ai installé, il y a quelques mois, une rehausse de suspension et de nouveaux amortisseurs Koni, il faut croire que les croisements de ponts que cela autorise, ne conviennent plus à la barre stabilisatrice arrière. Une fixation de celle-ci vient donc de casser.

Je l’ai donc démontée et nous avons poursuivi la piste comme cela, sans remarquer de différence flagrante entre avant et après démontage.

Par contre la suite de la piste devient rapidement festive.

Jusqu’à Taghzout, la piste est magnifique et amusante. Il faut rouler dans un oued en eau, ce qui ne pose aucun problème et amuse les muletiers que nous rencontrons sur ce même trajet. Le paysage est superbe.

Arrivés au village, les gosses deviennent collants et je dois même m’expliquer virilement avec un adolescent un peu taré qui veut à tous prix s’accrocher à ma voiture pour nous indiquer la piste vers Anergui. Finalement, un muletier avec lequel nous avions sympathisé quelques minutes auparavant le calme en quelques mots et l’éloigne définitivement.

Il nous indique que c’est « par là » et que la piste « est bien »… Tu parles ! Pour un mulet sans doute... En fait il n’y a plus de piste. Comme le dit Gandini, il faut rouler dans le lit d’un oued. Manifestement peu d’originaux dans notre genre s’y aventurent. Nous ne rencontrons absolument aucune trace de pneu d’autre véhicule.

Des blocs de pierre encombrent les rares passages ressemblant à une piste et il faut sans arrêt descendre de voiture et étudier le meilleur passage. Cela me rappelle le temps où je faisais du trial. Mais il y a une différence entre une TY350 de 90 kgs et un Patrol de 3200 kg… Pendant deux heures, on se demande si l’on va devoir faire demi tour, puis finalement, nous voilà enfin à Tasraft où enfin je peux abandonner la 1ère courte et faire une pointe à du 15 km/h entouré d’une bande de gosses, ce qui nous encourage à continuer sans arrêter. La poisse.

Quelques kms encore et nous rejoignons le chantier de route (autoroute, de nouveau) qui reliera bientôt Anergui à Beni Mellal et au reste du monde.

Descente sur Anergui, bien plus confortable qu’autrefois et toujours aussi grandiose. C’est pour nous un des sites les plus ouverts de l’Atlas. Du gite d’Hammou Chrifi (rustique mais impeccable) nous pouvons contempler le soir les feux que les bergers allument dans les montagnes pour enfumer les bergeries et soigner ainsi les parasites des voies respiratoires de leurs moutons. Il y en a tout autour de la vallée.

Nous rencontrons une famille dijonnaise, une grand mère, son fils, sa belle-fille et ses petits-enfants, tous très sympas, faisant leur première expérience marocaine avec un trekking assez sportif dans la région.

Leur guide, ainsi que Hammou Chrefi, nous mettent en garde sur la piste de l’assif Melloul, devenue plutôt difficile. Mais nous l’avons déjà faite à deux reprises, nous voulons passer par la Cathédrale (piste H1), et comme en plus j’ai emporté une canne à pêche que je veux absolument essayer dans l’assif Melloul, je m’entête et nous voilà donc partis pour cette nouvelle piste infernale.

 

En fait, pour nous, il s’agit probablement de LA plus belle piste de l’Atlas marocain. Cette piste suit l’assif Melloul de Anergui jusqu’à la Cathédrale en passant par des paysages fabuleux. Le problème est qu’elle devient de plus en plus étroite. Franchement, pour notre Patrol, cela devient limite. Encore quelques années, et seules les Suzuki ou autres Land Rover 88 ou 90 pourront passer.

A mi-parcours, nous nous arrêtons pour l’apéro et déjeuner pique nique. J’en profite pour tremper ma cuillière et voir s’il reste de la truite dans les quelques trous ou courants de la rivière quand je tombe à nouveau sur un serpent. Celui-ci est en pleine eau. Moi aussi. Il me nage droit dessus. Autant dire que je dégage le terrain et cesse prématurément mon expérience de pêcheur de l’Atlas. Pas eu le temps d’identifier le bestiau, mais je suppose qu’il s’agissait seulement d’une couleuvre. Mais après ma rencontre d’il y a quelques jours, je préfère ne pas trop me poser de questions.

Arrivée sur la Cathédrale que nous avions décidé d’escalader.

 

Nous logeons d’abord au gite de la Cathédrale. Nous y faisons la connaissance de 3 jeunes américaines du Peace Corps, de passage. Toutes 3 étudiantes, elles nous expliquent leurs objectifs : éducation, formation, assistance médico sociale… Sympa de rencontrer une jeunesse américaine un peu moins conne que celle exposée à longueur de série TV, Comme nous le comprendrons par après, les Peace Corps, sous couvert de missions caritatives, sont soupçonnés par les locaux d’être à la solde de la CIA. C’est du moins ce que pensent guides, instituteurs ou cheikh rencontrés par la suite et manifestement tous atteints d’espionnite aigüe.

Nous avions découvert le gite de la Cathédrale il y a quelques années, lors de sa construction. Tout paraissait alors sympa et prometteur. L’instituteur qui avait pris le projet en main nous avait beaucoup intéressés. Entretemps, le bâtiment n’est pas encore entièrement terminé et tout est déjà cassé ou abîmé. Sanitaires sans eau ou en panne ou démontés, portes qui ne ferment plus, et une foule de parasites qui traîne autour, le tout dans une propreté très approximative. Déjà en 2006, nous avions dîné sur place : repas commandé à 20h et autre menu servi à 23 heures ! Cette année, nous avons préféré faire notre popote nous mêmes. Ce fut dur. Essaims de guêpes, suivis d’essaims de moustiques, le tout suivi d’une nuit blanche au milieu des aboiements d’un essaim de chiens errants. Plus jamais ! Pourtant, le site est génial. Il suffirait de pas grand chose….comme souvent au Maroc.

 

Fatigués et dégoûtés, nous bypassons la ballade à la Cathédrale et poursuivons par la nouvelle piste G4 vers la Zawyat Ahançal, puis vers le Tizi n’Tsalli puis la piste G5 vers Tabant (vallée des Aït Bougmez). Superbe. En fait nous étions déjà passé par cette piste il y a quelques années, mais en convoi de plusieurs véhicules. Cette fois, nous sommes seuls et nous apprécions mieux les paysages et les rencontres, notamment avec le cheikh de la Zaouiat Ahençal, qui est un homme pour le moins intéressant et qui nous accorde une bonne heure de discussion, thé menthe à la clef.

La vallée des Aït Bougmez est, pour nous, très intéressante au niveau de l’architecture. Les couleurs sont superbes. Nous notons la fertilité de cette grande oasis au cœur de l’Atlas.

 

Nous logeons à Imehlgaz dans un gite de Bernard Fabry (dixit Gandini), en fait revendu à une société privée et transformée en hôtel de charme (vraiment de charme). Pour un prix finalement raisonnable, nous dînerons magnifiquement puis passerons une nuit de rêve dans un site de rêve. Cela s’appelle Dar Ifrane. L’établissement est tenu par Vincent, un jeune français aussi accueillant qu’intéressant. Une adresse à retenir.

Du niveau des 3 Chameaux à Mirleft ou du Dar Daïf à Ouarzazate.

 

Le lendemain, nous reprenons la piste G3 jusqu’à Demnate. A plusieurs reprises, la piste est coupée par des éboulis. Des breakhammers hydrauliques sont au travail. Il faut attendre que le wheelloader ait déblayé pour passer.

Cela fait chaque fois une petite demi-heure d’attente avec toujours un gag ou une rencontre à la clef. Cette fois, ce fut un musicien gnaoua, son barda dans les pieds, qui à notre demande nous joue un air de son instrument indéfinissable, directement à la fenêtre de la voiture.

Une autre fois, c’est le chef de chantier qui vient tailler une bavette d’un quart d’heure, puis qui au dernier moment, nous demande si nous n’aurions pas de la bière, du vin, pastis, whisky, spiritueux, cigarettes ou autres, n’importe quoi, pas pour lui, mais pour son opérateur d’engin qui vient de nous libérer le passage. Evidemment, macache wallou ! Faut pas gâcher le tourisme…

A Demnate, refueling, puis descente en 3 heures de route jusqu’à Skoura.

10°C de plus et beaucoup de vent. Superbe camping à l’entrée de Skoura, renseigné par Gandini comme « à suivre ».

Ben jusque là, cela va…. Propreté, accueil et situation exemplaires. On leur souhaite de réussir. Tout le camping est clôturé d’un mur de terre, donc pas de chiens errants et aboyeurs. Pas de mosquée à proximité. Nuit paisible.

 

En fait, échaudés par les pistes infectes du début de notre voyage, et retardé par les problèmes de mécanique (silent blocs d’amortisseur, puis barre stabilisatrice), nous avons bypassé les pistes de la haute Tessaout (Q4, Q5, et R2) que j’avais d’abord programmées. Nous aurons donc un prétexte pour encore revenir au Maroc…

Nous reprenons donc le goudron jusqu’à Kelaa des Mgouna, puis piste (route) jusque Bou t’Aghrar, puis piste R2 (ou R1 ?) pour retrouver la vallée du Dadès. Toujours pas un chat sur les pistes, sauf tout d’un coup un 4x4 espagnol, lancé à fond, qui nous croise dans un nuage de poussière… Que cherchent’ ils à cette vitesse ?

Nous sommes un peu déçus par la nouvelle route et les chantiers qui remplacent la piste vers la vallée des roses, puis par la vallée du Dadès qui est devenue tellement urbanisée que cela ne ressemble plus du tout à ce que nous avions connu lors de notre première visite en 1974 ( !). Nous logeons dans un hôtel-camping juste à la sortie des gorges. Toujours des tornades de vent en soirée.

 

Le lendemain matin, nous reprenons la route pour Msemrir et ensuite pour la superbe piste R5 qui relie Msemrir à Imilchil par le Tizi n’Ouerz. Le paysage y est grandiose. On arrive dans des alpages à pas loin de 2900 mètres. Plus bas, on domine des ravins et des canyons dignes de l’ouest américain. C’est là qu’en pleine ascension, nous qui n’avons pratiquement pas vu d’autres 4x4 jusqu’à présent, nous tombons sur 2 Defenders 110, belges comme nous de surcroît. Et francophones… ce qui compte par les temps qui courent. On taille une bavette de haut niveau (2800m ?) , puis on se quitte, eux pour le grand sud Merzouga, Mahmid, Tata où je leur souhaite des températures raisonnables, et nous pour un retour vers nos pluies et brouillards d’origine.

En redescendant sur Agoudal, nous traversons alors un petit hameau aux gosses particulièrement détestables. Une gamine tape à plusieurs reprises sur la carrosserie puis finalement réussi à ouvrir la porte côté passager pendant que je me bagarre avec les bosses et les fosses de cette piste en forte descente. Mon épouse essaie de rattraper la porte et se blesse un doigt. J’arrête la voiture et sort comme un diable d’une boîte pour engueuler la marmaille qui s’éparpille dans la nature. Les parents sont là, je les engueule aussi copieusement, …puis me casse la figure en rentrant à ma voiture. Ma dignité en prend un coup. Ambiance…

Le soir, nous retrouvons Malika et couchons une dernière fois à l’auberge de Tislit.

Nous y rencontrons un couple slovène. Il est écrivain, a racheté et équipé en motor home un petit camion 4x4 de marque TAM de l’ex armée yougoslave (cela se vent à 2 ou 3000 €, paraît-il). On dirait un gros Unimog. Du costaud, mais un peu bruyant comme moteur. Ils rentrent de 6 mois de divagations en Mauritanie et dans l’extrême sud Marocain. Encore des gens intéressants. Nous discutons une bonne heure.

 

Ensuite, c’est vraiment le retour, mais nous souhaitons visiter ce qui fut une des plus belles découvertes de notre voyage : les greniers d’ Aoujgal…

De Imilchil, nous redescendons donc vers Tassent, puis Bou t’Ferda où nous reprenons la piste vers Anergui, piste H5. Nous suivons à la lettre les indications de Gandini. Des ouvriers agricoles nous renvoient directement vers le site « b » du guide, où après avoir jardiné un petit peu, nous arrivons à ce site sublime. Mon épouse, sujette aux vertiges, reste au dessus, pendant que je descends visiter le site de ces greniers accrochés dans une falaise, à mi hauteur, sur une vire de plusieurs centaines de mètres de long. C’est grandiose et magnifique. Evidemment, c’est là que mon appareil photo fait des siennes et surexpose toutes mes prises de vue de 2 diaphragmes.

Un type surgi de nulle part et ne pratiquant pas un mot de français m’accompagne, me dirige et me donne plein d’explications incompréhensibles. Une fois remonté, je retrouve ma femme entourée d’un nuage de gosses et adultes entre 5 et 65 ans, tous calmes et bien gentils.

Et au moment où nous repartons, personne ne nous demande ni bonbon, ni stylo, ni cigarette. Rien que des signes au revoir. Allez comprendre !….

Nous passons alors par El Ksiba pour constater que l’Auberge des Artistes est fermée (temporairement ? Ils devraient le dire…). Nous descendons alors vers Azrou, traversons un orage carabiné qui nous fait comprendre qu’il ne faut jamais bivouaquer dans un oued en été, dînons à l’hôtel des Cèdres à Azrou (très 1920, gag et délicieux) et campons au camping Hamazigh bien connu, par nous en tous cas. Des Emiratis ont construit pas loin de là un immense hôtel type château fort de Walt Disney. Grand luxe, genre Las Vegas en moins coloré. Qui descendra là ? En discutant un peu avec le maître d’hôtel des Cèdres, j’apprends que des Emiratis investissent dans la région, aussi bien dans des hôtels ou casinos que dans des dispensaires ou orphelinats, parfois l’un en face de l’autre ce que ne comprend pas la population locale. « Ils viennent faire chez nous ce qui n’est pas permis chez eux, et cherchent à se donner bonne conscience, etc… ». Il paraît que cela favorise les poussées d’intégrisme religieux et moralisateur. Ah bon ? Il paraîtrait aussi que Ouarzazate et Agadir ( !) deviendraient des foyers d’intégrisme, pour les mêmes raisons.

 

Le lendemain, nous repartons pour Meknes, visite de Moulay Idris que nous ne connaissions pas encore. A voir. Puis re-Chefchaouen, camping, descente à pied par le cimetière vers la médina pour diner à la Casa Hassan, retour en taxi vers le camping (20 Drh). L’habitude, quoi…

 

Puis Ceuta, Biarritz, Belgique et nous voilà rentrés… Miracle : il fait soleil en Belgique ! On aura tout vu.

 

Nos premières conclusions :

- le Maroc, c’est toujours génial. Même en été.

- Il y a piste et piste. Entre trial et autoroute, il y a une marge énorme. Trop de pistes dures stressent et dégoutent rapidement. Certaines pistes de l’Atlas sont vraiment cassantes et dangereuses. Nous y sommes loin des pistes roulantes du grand sud comme celles que nous avions pratiquées à Pâques de cette même année.

- Le goudron et la haute tension avancent à grands pas. Conséquences, les pistes sont meilleures, ou asphaltées… au détriment d’autres qui deviennent de pire en pire, car moins pratiquées.

- Voyager seuls permet de mieux voyager, d’avoir de meilleurs contacts, de meilleures rencontres. Par contre, nous regrettons les bivouacs conviviaux pour ne pas dire festifs, avec les amis rencontrés en mars-avril derniers.

- Voyager seuls est quand même nettement plus stressant sur certaines pistes impossibles. Comment en sortir en cas de panne ou casse sérieuse ? Ou alors il faut vraiment avoir le temps…

- Gandini reste la référence. Bien que la nouvelle édition soit déjà parfois dépassée.

- Méfiez-vous des gosses. Outre l’incident rapporté plus haut, nous avons rencontré des 4x4 français qui ont eu leur hayon ouvert en cours de route. Malgré leur arrêt immédiat, à l’arrivée, un sac manquait. Donc verrouiller portes et hayon à l’approche des villages. Les parents se foutent du comportement de leurs gosses ou accusent les touristes (à raison) d’avoir initié le problème par leurs distributions bébêtes. Par contre, la police ou la gendarmerie sont très réactifs aux plaintes des touristes, paraît-il. On nous a raconté une descente de police sur les gosses de Jaffar, d’une rare efficacité. On n’oserait pas la moitié de cela en Europe… Autant on est tranquille dans le sud, autant on peut être emmerdé dans certaines régions de l’Atlas (pas toutes, heureusement….).

 

Vous avez lu jusqu'au bout? Chapeau!

 

Luc

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Bonsoir

 

Tres beau recit , avec beaucoup d'infos que j'utiliserai pour de futurs voyages.

A la lecture , les images de ma derniere traversée de l'Atlas (Marakech/ Ouarzazate) ont redefilée davant mes yeux !!!! merci

 

 

Super ,

N' oublis pas lors de ton prochain voyage de nous faire un excelent contre rendu.

 

Berniane 85

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  • 1 mois plus tard...
Vivement octobre 2009 que je puisse moi aussi avoir de belles choses à écrire... :2 (15):

 

ça va arriver bien plus vite que ce que tu pense Pierre. nous en parlions hier soir avec Titi, ça va faire bientôt 1 ans que l'on est parti et il nous semble que c'était il y a quelques semaines.

 

 

en tout cas merci pour ce beau récit qui nous a donner l'impression d'y être avec vous.

 

vivement qu'on y retourne.

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slt

 

merci pour se grand récit et t'as patience pour l'écrire avec attend de vie dans le texte :2 (26):

 

dans tout les textes lu , je remarque que vous préconisé de roulez toujours les portes fermé a clefs et souvent des problèmes avec des enfants très collant

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Un grand bravo à toi pour ce passionnant récit. Comme chaque année depuis 4 ans, je roule sur les pistes du Sud marocain en Avril Mai,

En raison des été pourris que nous avons depuis deux ans en Bretagne,

j'ai décidé en plus du raid que je vais faire en Mai 2009, j'irai également

l'été prochain dans l'atlas, tu comprendras que ton récit m'a beaucoup intéressé.

Nos routes se croiseront peut être, je ne pense pas partir tout seul,

alors qui sait?

Jojo

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