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Raid en turquie (suite)


LFA

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Bien, je sais, je n’ai plus mon Patrol…Mais votre site est tellement sympathique….

 

Avec ce CR de voyage, je souhaite d'abord donner suite au post du 15/6 de micb.25, et vous faire partager mon enthousiasme pour la Turquie de l’Est, plus exactement de l’extrême Est.

(NB: pour les photos, voir en bas du message.)

Nous sommes donc partis, mon épouse et moi-même, le 4 juillet dernier , par Luxembourg – Tunnel de Fréjus – Ancône – bateau jusqu’à Igoumenitsa – autoroute jusqu’à la frontière turque (nouvelle, superbe, et jusqu’à présent gratuite) – Istanbul.

Soit grosso modo 3000 kms de routes sans problème à cette saison.

Jusque là, camping sauvage dans les champs près d’Ancône, nuit sur le bateau, puis camping sauvage sur la plage au-delà de Thessaloniki. Le frigo fonctionne toujours bien : eau glacée pour le pastis et plats cuisinés, sous vide, pour le dîner. Tout baigne.

L’entrée en Turquie se fait sans problème, mais je me présente à la police sans les visas qu’il faut aller acheter dans l’immeuble voisin situé un peu plus loin (pas très logique). Gênant quand on est dans la file de voiture, entre deux trottoirs qui vous empêchent d’en sortir… Mais les policiers turcs sont absolument charmants et finalement, cela s’arrange.

Un truc au passage : entre les douanes grecques et turques, dans le no-man’s land, il y a des pompes à carburant détaxées (+/-0.7€), à l’aller comme au retour. Cela vaut le coup, car le fuel turc est à 2.3 livres soit plus de 1 €, en tous cas plus cher qu’en Grèce, qu’en France ou qu’en Belgique.

Istanbul : connu. On traverse via les autoroutes et le pont de Galata. Cohue incroyable, 15 à 20 files parallèles au péage du pont. Abonnements à gauche, cash au milieu ou à droite : les voitures et camions se croisent dans tous les sens pour changer de file, à 2 cm les uns des autres, dans une pagaille inouïe. Finalement, ça passe et on retrouve l’autoroute d’Ankara.

 

Le 8/07 au soir, nous sommes à la hauteur de Duzce, avant Bolu. Il est 19 heures et le soir tombe vite, évidemment plus tôt que chez nous, même si l’heure est GMT+2 comme en Grèce. Nous sortons de l’autoroute dans l’espoir de trouver un bivouac tranquille, mais tout est cultivé, clôturé, ou habité. On commence par se perdre dans les petits chemins ruraux. Sans résultat.

Nous recoupons alors au hasard vers la mer Noire, et dans de petites montagnes, commençons seulement à quitter les agglomérations et les cultures. Première piste à droite, du billard, première forêt, 2 clairières sur le côté occupées par des ruchers, puis au 3ème essai, c’est le bon. Endroit désert, idéalement isolé, plat et herbeux, entouré de feuillus comme chez nous (chênes, charmes, noisetiers…). Parfait. Rapidement, la nuit tombe. Des centaines de vers luisants volent autour de notre table. Il y a longtemps que nous n’avions plus vu cela.

Premier bivouac turc réussi. Ce fut d’ailleurs toujours le cas : voir rubrique « bivouacs » ci après.

De là, nous retombons sur la mer Noire. Tout le littoral est longé par une autoroute confortable mais relativement rapide et dangereuse, et est assez enlaidi par l’urbanisation « à l’espagnole » avec un petit cachet très « pays de l’Est ». Décevant.

Nous n’y trainons pas, mais repiquons immédiatement le 9/07 vers Safranbolu. Une petite merveille, très touristique, classée par l’Unesco, magnifiquement préservée et sympathique. Voir tous les guides de voyages à ce sujet. Quelques rares touristes européens ou japonais.

Ensuite, toujours par l’intérieur du pays nous piquons le 10/7 vers Amasya, après un nouveau bivouac en pleine nature, près d’une rivière.

Amasya est, elle aussi, une ville pleine d’intérêt, où l’architecture ottomane voisine des ruines antiques (notamment des tombes taillées en pleine falaise au dessus de la vieille ville).

Pas de touriste européen. Pourtant, c’est une étape à ne pas manquer.

De là, nous piquons vers la chaine Pontique.

Un peu plus loin, en traversant un patelin, je m’arrête pour acheter une bouteille de cola. Au moment de payer, on me fait comprendre qu’un autre client derrière moi a déjà réglé l’addition. Je proteste et finis par régler mon dû, mais il faut croire qu’ils restaient sur leur faim car à peine en voiture, l’épicier me court après pour me faire cadeau d’un bocal de noisettes pilées, spécialité de la région (on dirait du nutella…).

Village suivant, je cherche à acheter du filet de bœuf pour les brochettes de midi. Un grand moment d’improvisation gestuelle. Le premier à qui je demande où trouver un boucher, me fait signe de le suivre et m’accompagne dans le quartier à 5 minutes de là. Difficile de faire comprendre ce que je cherchais. Mais tout d’un coup, miracle, le boucher part dans l’arrière boutique et ramène, découpe, puis nettoie un magnifique filet de bœuf. 700 gr pour 6 €. Qui dit mieux ? Ensuite BBQ au bord d’un torrent en pleine forêt, accessible par piste plutôt pentue, praticable uniquement par 4x4. Manœuvre dans le lit du torrent pour le demi-tour. Enfin un peu de sport, mais le résultat est génial… Souvenir ému de quelques brochettes fameuses et méritées.

Après avoir atteint la ville de Giresun, nous longeons la côte jusqu’à Trabzon. Trop civilisé pour nous, bien que la ville de Trabzon elle-même ne soit pas dénuée d’intérêt. Mais la nuit tombe rapidement et nous voulons loger dans un camping à Sumela, le 11/07, avant de visiter le monastère aux petites heures le lendemain matin.

Grosses déceptions. Les Turcs ont une idée assez particulière du camping. Prenez un restaurant assez quelconque, avec un parking et un vague bout de pelouse, où on vous dit de planter votre tente au milieu du jeu de quille… Alors que tout autour, c’est montagnes, forêts et torrents des plus alléchants. Après avoir refusé 3 ou 4 « campings » de ce genre, nous en trouvons enfin un, à l’écart de la route, à côté d’un élevage de truites. Pas terrible… Quant aux truites, les pires que nous ayons goûtées de notre vie : farineuses et trop cuites. Nous y rencontrons des retraités suisses en motor-home 4x4 Mercédès, en vadrouille depuis plusieurs mois. L’engin m’intéresse beaucoup. Plus tard peut-être…

En tous cas, après cette nuit, c’est décidé, nous ne voulons plus que des bivouacs « sauvages » pour la suite du voyage, même en zone kurde soi-disant à problèmes…

Le lendemain, nous visitons donc le monastère. Remarquable et pour sa situation en nid d’aigle et pour ses fresques murales, malheureusement assez saccagées, mais quand même absolument splendides. Fa-bu-leux !

 

A partir de ce moment, le voyage va devenir plus aventureux.

Le Guide du Routard escamote l’Est de la Turquie pour des raisons de sécurité, disent-ils (ils retardent vraiment…). Quant à Lonely Planet, cela va, mais c’est très incomplet.

Nous ne verrons plus de touristes européens avant le Nemrud Dagi (le mausolée d’Antiochus, à ne pas confondre avec le volcan près de Van et qui porte le même nom). Cela ajoute un petit parfum d’aventure alors que, franchement, les routes s’avéreront faciles, les gens accueillants et les infrastructures amplement suffisantes.

Nous continuons donc la petite route qui va au parking du monastère et qui devient rapidement une superbe piste dans les alpages, au dessus de 1000 mètres. Il fait beau, on est dimanche et de nombreux turcs pique-niquent dans les montagnes. Le « picnic » est une activité prisée par les familles turques ou kurdes. Dans tous les petits coins sympas près des torrents, à l’ombre de grands arbres, devant de beaux panoramas, ils garent une ou deux fourgonnettes ou pick-up et sortent femmes, enfants, grands-parents, samovars (vous qui passez…), BBQ, couvertures, etc…pour la journée. Nous verrons à plusieurs reprises que nous arrêter à proximité nous expose à partager le thé, les gâteaux, et le reste avec eux, le tout dans la plus grande gentillesse et avec une discrétion remarquable. Contrairement aux « chouffeurs » marocains, les gosses restent discrets , polis et à l’écart. Le chef de famille viendra nous saluer puis se retirera, ensuite un peu plus tard, une femme nous amènera le thé, puis ce sera les gâteaux, et puis le soir avant de partir, le chef de famille reviendra nous saluer et nous répéter des welcomes à n’en plus finir. C’est systématique.

Le seul regret de ces rencontres est de ne pouvoir entamer la conversation, la langue turque étant parfaitement incompréhensible si ce n’est quelques mots importés du français.

J’ai déjà beaucoup voyagé, mais je ne connais pas de gens plus gentils et charmants que les turcs (ou les kurdes).

Hélas, il faut reconnaître par ailleurs qu’il n’y a pas plus crasseux, pas chez eux, mais en tous cas dans les endroits publics. Heureusement que le pays est vaste, sinon ce serait une immense poubelle. Désolant !

Commence alors un long moment d’errance dans les montagnes. Cartes, GARMIN et OZI : tout déconne et ne correspond à rien. Cela arrivera plusieurs fois durant le voyage. Autant dire qu’il faut abandonner toute logique et surtout tout horaire et naviguer à l’intuition… Un peu long quand même pour retrouver l’asphalte sensé être à 50 kms à vol d’oiseau. Pistes très praticables, paysages superbes, temps clair et dégagé. Mais je ne voudrais pour rien au monde refaire cette route par temps pluvieux. Quelques ornières de camion et déchets de fagots pris dans la terre maintenant durcie, témoignent de bagarres épiques il y a quelques jours ou quelques semaines.

Il fait frais et les bivouacs de montagne imposent de ressortir les sacs de couchage en duvet.

Le 13/7, nous passons Bayburt, évitons Erzurum, descendons vers Yussufeli par une route étroite, coupée par endroit, pleines de trous, innommable, mais superbe… L’habitat mélange bois et pierres, avec des volumes qui font penser aux chalets de montagne dans le nord de l’Europe.

Nous rencontrons plusieurs ponts suspendus.

Ailleurs, la montagne prend des allures de Yellowstone.

En fait la région est supposée être bientôt noyée par un lac de barrage d’où l’état de semi abandon.

Ailleurs - et ce sera une constante durant le reste du voyage - au bas mot 50 % des routes entre villes sont en chantier, pour passer de 2 à 4 bandes. Autrement dit, on est tout le temps en train de rouler sur des fonds de coffre ou le coffre lui-même, ce qui implique poussière et tôle ondulée à profusion. Et quand l’asphalte est là, ce n’est pas mieux, car les Turcs procèdent par grenaillage sur coulis d’asphalte, ce qui est tout aussi festif.

J’étais donc très heureux d’avoir gardé en place, depuis mon dernier voyage au Maroc, le pré-filtre cyclonique du snorkel et les protection plexy des phares de ma voiture. Ils ont servi plus encore qu’au Maroc.

Après Yussufeli, un petit détour pour dénicher une superbe église orthodoxe abandonnée dans un petit village de montagne, puis un bivouac de rêve, dans un champ fraîchement moissonné, au bord d’un ruisseau, à l’ombre des arbres. (Plus loin, je donnerai les coordonnées GPS de mes bivouacs, bien qu’il soit facile d’en trouver d’autres tout aussi bien)

Le lendemain 14/7, départ très matinal vers Kars et Ani, l’ancienne capitale arménienne, détruite à plusieurs reprises par diverses occupations, comme détaillé dans Lonely Planet.

Un grand regret : avoir traversé aussi rapidement les hauts plateaux du NE de l’Anatolie. Le paysage après Göle ressemble furieusement aux documentaires que j’ai vus de la Mongolie. Troupeaux de chevaux en liberté, grands horizons, très vert mais sans un arbre, des ruisseaux partout, des villages très rustiques avec murs en pierre, toits plats, oies et canards tout autour, et comme toujours des gens souriants, accueillants et on ne peut plus sympas. Les photos en diront plus que tout ce que je pourrais écrire.

Arrivée à Ani avant l’ouverture du site. Comme le caissier n’est pas là, on nous fait entrer sans payer. Le préposé nous rattrapera une heure plus tard au milieu des ruines.

Imaginez quelques km2 d’herbes folles et quelques vaches en liberté. D’un côté, des remparts à moitié éboulés. A l’opposé, un km plus loin, un canyon. De l’autre côté de cette rivière, c’est l’Arménie. Entre les deux, le vide, et çà et là, des ruines de chapelle, de mosquée ou de cathédrale, et même d’un temple zoroastrien, qui tiennent encore vaguement debout.

Comme le dit Lonely Planet, une grande mélancolie émane de ce site. Nous en retiendrons d’ailleurs plus l’ambiance que l’historique tourmentée.

Nous repartons ensuite vers le sud, longeons le mont Ararat, bien visible et enneigé, et arrivons bientôt (façon de parler) à Dogubayazit pour y voir le palais d’Itzakpasha. Le site est hélas en travaux. Et le résultat final ne s’annonce pas terrible… : une charpente et un toit coifferont une bonne partie. Dommage.

Comme toujours, les campings aux abords de ce site et à la sortie de la ville sont abominables, et nous fuyons vers le lac Van. Bien nous en prit.

 

14 et 15/7 : Le lac Van est une véritable mer intérieure. Les champs ou les montagnes viennent mourir au bord de l’eau. Cette eau est très claire mais très salée, ce qui explique la quasi absence de poissons. Par contre, pour se baigner, c’est le pied ! Nous découvrons une petite plage occupée par plusieurs familles de Kurdes en plein pic-nic. Plutôt que de nous isoler comme d’habitude, ce qui serait difficile ici, en rase campagne, nous abordons ces gens le plus simplement du monde et c’est immédiatement eux-mêmes qui nous invitent à nous installer au mieux, les pieds dans l’eau, à l’ombre sous les arbres et tout et tout. Les contacts sont on ne peut plus cordiaux. Ils nous invitent même à partager leurs danses et musiques locales. Les femmes sont voilées, mais pas trop, prennent des bains tout habillées, mais ne semblent pas effarouchées du tout par notre présence. Nous ne pouvons nous empêcher de comparer avec le Maghreb. Un monde de différence !

Vers 19 heures, tout le monde s’en va et nous restons seuls sous les étoiles. De nombreuses mouettes arrivent alors pour nettoyer les lieux. Elles semblent habituées à cela. Dommage qu’elles ne mangent pas les plastiques…

Sans rentrer dans les détails, il faut noter que si la gendarma turque et les kurdes ne s’entendent pas outre mesure (façon de parler…), les uns comme les autres sont parfaitement amicaux et hyper-hospitaliers avec les rares touristes de notre genre. Nous avons bien rencontré quelques barrages de police avec blindés légers et le toutim, mais pas de stress, chaque fois nous avons été invités à dépasser le tout sans contrôle aucun de nos papiers.

Au total, nous aurons finalement fait 10.022 kms sans aucun contrôle de papier sauf à la frontière turque et grecque (au retour), ni aucun contrôle radar (sauf en France, évidemment…). Un plaisir !

Nous traînassons un peu autour du lac Van, qui décidément nous plaît beaucoup, puis passons à l’escalade du Nemrud Dagi, juste à l’ouest du lac. Il s’agit d’un ancien volcan, dans les 3000 mètres. Les lacs de cratères (6 au total) sont accessibles par une bonne piste et permettent là aussi quelques bons endroits de bivouac (un peu frais peut-être). Le spectacle est grandiose.

De là nous plongeons le 16/7 vers le sud, en longeant d’abord la frontière iranienne (nombreux camions ou cars de pèlerins iraniens), puis la frontière irakienne (trafic lourd).

Je rencontre des kurdes de France, en vacances, qui projettent de passer en Irak vers Mossoul et me proposent de les accompagner. Je suis d’autant plus tenté que dans les années 80, j’ai jadis travaillé en Irak à une bonne centaine de kms de là. Mais quid des visas et du temps qui passe trop rapidement pour ce qu’il nous reste à voir ? Nous renonçons. Décidément, le futur programme des choses à faire, une fois atteint l’âge de la retraite, se charge de plus en plus…

 

Nous traversons Hassakeyf le 18/7.

Absolument fabuleux !

Plongée dans l’histoire, avec pont romain, tombeau islamique, citadelle, maisons troglodytes, etc.. etc…le long du Tigre. Il paraît que là aussi, un lac de barrage recouvrira bientôt le tout. Difficile à croire à la vue de cette ville sortie des contes des mille et une nuits….

Nous passons ensuite par Midyat et Mar Gabriel, un monastère syriaque encore en activité et dans un état absolument impeccable. Il s’agit du plus vieux (300 AC) monastère chrétien encore en activité.

Ensuite nous piquons vers le SO par une route épouvantable, au milieu des camions, des tracteurs agricoles et en passant sans arrêt d’un chantier à un autre. A la fin, la lassitude aidant, je me retrouve à tracer comme un malade sur les fonds de coffre en tôle ondulée, seuls endroits où il est possible de doubler, dans un nuage de poussière, tout ce qui se traîne à 40 km/h. Vive le 4x4 !

Nous passons Nardin et Sanli Urfa où nous reviendrons le lendemain, et arrivons à Harran le 17/7 au soir, ville tout droit sortie de l’ancien testament, et surtout remarquable par ces constructions coniques en terre et sa population arabe.

Trop chaud pour camper. Nous essayons donc le motel recommandé dans le guide. Surréaliste ! Rien ne fonctionne. Mais ce n’est pas cher… Passons. Il y aurait trop à raconter.

Magouille des guides obligatoires pour visiter la ville. Pompes à fric et autres ruses diverses.

On n’est déjà plus en Turquie. Première fois qu’on repart d’un site en en ayant envie. Mais il fallait le voir.

Sanli Urfa le 18/7. Visite un peu stressée car j’ai découvert un drôle de bruit et des points durs dans la direction, mais impossible de savoir de quoi il retourne. (C’était finalement l’amortisseur de direction). La ville de Sanli Urfa est en fait l’ancienne Edesse de l‘antiquité et de l’ancien testament. Nombreux pèlerins iraniens.

Nous repartons assez vite vers Nemrud Dagi, le site archéologique cette fois.

En route, j’expérimente un atelier de mécanique spécialiste toutes marques et 4x4 (moi, j’appelle ça plutôt un généraliste..). Le patron me montre d’abord tous ses diplômes, puis plonge sous ma voiture. Son aide est au volant et braque de gauche à droite sur commande du chef. Ils mettent 2 minutes à voir de quoi il s’agit (l’amorto de direction), me disent que je peux rentrer en Belgique comme cela sans problème, m’offrent le thé, vont chercher un voisin qui parle anglais, et commencent à tailler une bavette pendant qu’un ouvrier graisse les bols du train avant. J’ai longtemps habité en Afrique et je reste donc trop méfiant, par habitude, face à ce genre de situation. Mais la suite du voyage démontrera qu’ils avaient vu juste. Pourtant, ce qui se passait comme grincement dans ma direction était plutôt spectaculaire et peu rassurant.

J’ai pu visiter leur atelier de fond en comble : c’était impeccable et très pro. Ils avaient même l’informatique pour diagnostiquer pas mal de moteurs modernes. On est loin du forgeron malien (qui est, à sa mesure, tout aussi capable de grandes choses, je le concède).

Conclusion hâtive de cette (seule et unique) expérience: la bonne réputation des mécaniciens turcs semble méritée.

L’arrivée au Nemrut Dagi se fait comme au sommet d’un toit. Impossible de se garer à l’horizontale. Je parviens néanmoins à me dégoter les quelques m2 nécessaires pour bivouaquer avec une assiette acceptable, soit sur le parking réservé à la Jandarma (ils m’offriront le thé).

La nuit sera fraîche. Nous dormirons tellement bien que nous trouverons parfaitement inutile, finalement, de nous lever le 19/7 aux aurores pour revoir ce que nous aurons déjà vu au coucher de soleil. Il faut dire que le spectacle était grandiose, malgré un foutu nuage qui traînait juste où il ne fallait pas, et qui gâchait quelque peu la lumière.

Il faut aussi savoir que pour le coucher de soleil, de nombreux minibus arrivent de partout avec leur chargement de touristes, et qu’au petit matin, comme en pleine journée, il y a nettement moins de monde.

Pour repartir, je trouve original de descendre par le flanc nord et de tirer « au plus court » vers Malatya. Grosse erreur ! Le spectacle et les pistes en valaient la peine. Mais trop, c’est trop ! 4 heures plus tard, nous étions toujours perdus dans les montagnes, et toujours pas d’asphalte en vue. Ce genre de situation nous gêne assez peu en temps normal, sauf quand il y a un timing à respecter.

Toujours est-il que ce soir-là, nous avons dû bivouaquer sur une aire d’autoroute, dans la crasse, une odeur pestilentielle et un vacarme continu de poids lourds venant comme nous se garer pour dîner et dormir quelques heures. C’était le long de l’autoroute entre Iskenderun et Mersin. Plus jamais cela ! Je plains les camping-caristes pour qui ce genre d’expérience est chose commune.

Le 20/9, nous nous consolons avec l’étape suivante et un bivouac seuls sur la plage de sable, au pied même des ruines romaines d’Anamurium. Génial.

Seul problème, en repartant, nous manquons de rester plantés dans ce sable fin, brûlant, et on ne peut moins porteur. Heureusement, j’en sors en vitesse courte et différentiel bloqué. Pas besoin donc de sortir les plaques de désensablement par 35° à l’ombre. Ouf !

Nous continuons vers Manavgat, par une route en corniche au dessus de la mer. Ce littoral n’est pas encore urbanisé. Superbe ! Puis nous piquons le 21/7 vers le nord au travers des monts Taurus où nous découvrirons des paysages de cartes postales, avec forêts de pins, alpages, torrents, rochers, et petits coins déserts.

Bivouac, dialogue de sourd avec un berger bien sympa, et BBQ en tête à tête sous les étoiles.

Petits commentaires :

Nous avons souvent rencontré des bergers lors de nos bivouacs. Tout d’abord leurs chiens ne sont pas si agressifs que cela lorsqu’on est à pied. Par contre, j’ai un jour roulé plus d’un km avec deux molosses lancés à mes trousses à pas loin de 50 km/h. Pas rassurant…. Autre considération : ces bergers fument tous comme des turcs ( !) et laissent leur mégots partout. C’est à se demander comment ils n’ont pas plus d’incendies de forêt.

Autre commentaire, si vous ne comprenez pas, le turc répète, en parlant plus fort… Vous aurez vite compris qu’il faut « comprendre ». Enfin, je me comprends.

Nous arrivons alors au lac de Beysehir et coupons vers Egirdir par une piste de montagne absolument superbe, via Aksu.

C’est le Guide du Routard qui renseignait, très judicieusement cette magnifique piste où, pour la première fois, nous croisons d’ailleurs d’autres quatre-quatreux (un Défender et un Hdj80 tous deux immatriculés en France). Nous avons probablement les mêmes lectures.

De là, nous recoupons plus ou moins directement vers l’ouest et rejoignons en deux jours, le détroit de Canakkale.

Traversée par le bac le 23/7, presqu’île de Galipoli, bivouac, puis Kesan et ses magasins de prêt-à-porter « pas cher ».

Pour ceux que cela intéresse, à Kesan, des magasins de prêt-à-porter proposent beaucoup pour les hommes, et très peu pour les femmes (d’après mon épouse). J’y ai acheté du Christian Dior, dans une boutique Christian Dior avec facture Christian Dior. A ce prix-là, je pourrai dorénavant bricoler à ma voiture en ayant une certaine allure… Bon, cela vaut ce que cela vaut, mais cela permet aussi d’écouler des livres turques excédentaires.

Ne pas oublier le fuel free tax un peu pus loin.

Enuite, retour en Grèce via les nouvelles autoroutes. Puis Metsovo et un dernier bivouac le 26/7 dans les montagnes.

Igoumenitsa le 27/7.

Bateau le 28/7 et retour en sens inverse avec halte repos-gastronomique de 2 jours chez des amis savoyards.

Et puis voilà, c’est déjà fini…

On reviendra.

Oui, nous y retournerons, pour plusieurs raisons :

La première est qu’après 4 semaines en 2003 pour visiter la Cappadoce et 4 semaines en 2008 pour visiter l’Est de l’Anatolie, nous avons l’impression d’avoir manqué trop de sites et trop d’autres choses à voir.

La deuxième est que décidément, les Turcs (ou les Kurdes) sont vraiment les gens les plus charmants et accueillants du monde.

La troisième est que ce genre de voyage donne une formidable impression de liberté, d’espace, et de retour à la nature, impression qu’il est de plus en plus difficile de trouver ailleurs. (Pour rire, si Sarkosy refuse les Turcs en Europe, à tort ou à raison, j’espère qu’il refusera aussi de leur vendre ses jumelles radars qui empoisonnent tellement le Maroc.)

 

Bivouacs :

Pour ceux que cela intéresse, voici les coordonnées GPS de nos bivouacs, mais il en existe des tas d’autres sûrement aussi bien si pas mieux encore.

40°38,794’N 23°44,819’E plage sud Stavros, galets,

40°59,350’N 31°11,860’E au nord de Duzce, clairière, près piste

41°44,026’N 32°55,478’E entre Safranbolu et Amasya (Daday), piste forestière, montagne, 40°20,632’N 37°29,868’E près de Resadyie, le long d’une rivière, près de la route

40°47,971’N 40°15,874’E entre Bayburt et Ispir, dans les champs, en hauteur

40°40,539’N 42°25,023’E près Aksar (Göle), pré le long torrent

38°50,103’N 43°21,924’E le long du lac Van, piste

38°48,328’N 43°17,465’E autre spot le long du lac Van, piste

38°10,420’N 41°26,184’E près de Batman, dans un champ

36°01,662’N 32°48,510’E près des ruines romaines d’Anamurium, plage sable, hors piste

37°21,377’N 31°44,075’E dans les monts Taurus avant Beysehir, forêt éparse, hors piste

38°34,126’N 29°34,673’E près Usak (Isparta), petit bois feuillus, piste

40°12,895’N 26°21,875’E près Eceabat (partie européenne de la Turquie) lisière bois pins

39°48,594’N 21°18,440’E montagnes près Metsovo (Grèce)

Lors de notre premier voyage en 2003, nous bivouaquions loin de tout, le plus discrètement possible, et restions sur nos gardes par crainte d’on ne sait quoi. Cette fois, nous nous sommes installés où cela nous convenait, en totale confiance, et cela a très bien fonctionné.

Nous en avons tiré nos propres règles :

- En France ou Espagne, nous bivouaquons le plus discrètement possible, en clairière ou dans les champs moissonnés. En fait, on s’arrête, on dîne et c’est seulement à la nuit tombée qu’on déplie la tente de toit, pour autant qu’on n’ait pas été dérangé auparavant.

- En Italie, c’est plus difficile de trouver des coins déserts. Alors chaque fois, nous cherchons des champs fraîchement moissonnés, puis nous nous adressons à la ferme la plus proche. Généralement cela se passe bien dès qu’ils comprennent que ce n’est que pour la nuit. Attention, l’italien semble bien plus jaloux de sa propriété et vient rapidement demander des comptes si on n’a pas pris les devants.

- En Allemagne, Suisse et autres pays inhospitaliers du genre, pas la peine d’essayer…

- En Grèce, on est à mi-chemin entre la France et la Turquie.

- En Turquie, c’est le paradis pour le bivouac en 4x4… Sauf le long de la mer et l’extrême sud. Sinon, vous trouverez montagne, forêts, rivières ou torrents. De toute façon, il y a partout des sources ou des petites fontaines qui rendent inutile le fait de voyager avec de grosses réserves d’eau. On est souvent en altitude et au frais. Et si la population locale vous découvre, le seul problème sera de refuser les invitations à manger ou à dormir chez eux. En tous cas, rien vu des terroristes kurdes, des jandarmas autoritaires, des bergers fous, des chiens dangereux, des ours, des loups et autres joyeusetés agitées par certains sur le net. Le pa-ra-dis, je vous dis. Ceci dit, il faut rester discret, courtois, et emmener ses ordures et autres déchets ne serait-ce que pour montrer l’exemple. Nous évitons les feux, sauf sur la plage. Et nous vérifions que l’endroit est toujours désert avant de procéder à nos ablutions matinales. Rien qui ne relève du bon sens commun. Je dois quand même mentionner qu’il est souvent arrivé que des bivouacs que nous croyons déserts, soient traversés tard le soir ou tôt le matin par des troupeaux de plusieurs centaines de moutons. Dans ces cas, nous avons toujours été étonnés par le silence des bestiaux et la discrétion des bergers et de leurs chiens.

 

Le trafic en Turquie :

C’est un avis personnel, mais je ne me suis jamais senti en difficulté sur les routes turques (sauf pour la traversée du pont de Galata à Istanbul) avec mon HZJ80. Il faut dire que la faible puissance de l’engin m’impose de rouler au rythme des camions en France ou Italie, ce qui m’expose aux foudres des latins pressés lorsque j’effectue le moindre dépassement. Mais par contre en Turquie, je me retrouvais toujours à l’aise par rapport au parc automobile vétuste, très peu puissant, ou inadapté aux routes défoncées ou aux nombreuses pistes où mon Toy était de loin avantagé. Les camions roulent particulièrement chargés et sont donc ultra lents en montagne, ce qui invite à dépasser un peu n’importe comment. Par contre, si vous avez affaire à un camion vide, serrez les fesses, car ces chauffeurs sont vite des fous furieux. Ne faites surtout pas la course avec eux, c’est du suicide…et vous perdriez.

Généralement, il faut dire que la plupart des routes sont relativement désertes, ce qui est évidemment un élément de confort important. La « polis » est assez indulgente avec les étrangers. Les radars existent peut-être, mais je n’ai rien vu. Les panneaux routiers ont une signification très relative, mais tout se passe bien (Je parle évidemment du bled, pas du centre d’Istanbul, Izmir ou Ankara, qui valent Bruxelles ou Paris au point de vue trafic).

Inconvénient, les distances sont énormes, et il faut compter sur de nombreuses heures de conduite chaque jour et cela en plein cagnard. Il vaut mieux avoir la clim en ordre.

 

Ne me demandez pas mes traces GPS, je ne les ai pas gardées. De plus, elles vous seraient inutiles. Il faut se faire un vague trajet en fonction des sites à voir, ou des villes intéressantes, et puis se perdre.

Toutes les cartes de Turquie (Freytag, Ölçek…) que j’ai consultées ne valent rien. Les cartes GARMIN sont souvent fausses, et finalement, les cartes routières pour OZI (Turquia-este et Turquia-oeste), disponibles gratis sur le web (site motard italien dont je ne me souviens plus trop) se sont avérées idéales comme référence, bien qu’incomplètes.

 

Mes références étaient le Guide du Routard, Lonely Planet, le site des Bourlingueurs http://www.bourlingueurs.com/turquie/ pour le gros du trajet, un autre site motorhome http://www.e-voyageur.com/carnet-voyage/turquie/europe.php, et d’autres sources sur le net.

 

Pour ceux qui ont eu la patience de me lire jusque là, mes photos sont visibles sur http://picasaweb.google.be/lfalfa7/Anatolie2009 , tapez l’icône diaporama puis tapez F11 (plein écran).

 

Si cela peut vous donner l’envie d’essayer…

Cordialement,

 

LFA

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Merçi Luc pour ton récit texte et photos de qualité. je vais pouvoir en sortir une trace pour mon projet en 2010. jai trouvé une carte touristique IGN(c' est mieux que rien) au 1:750000 dans une boutique du vieux camp.... En attendant le retour et d' autres compte-rendu de membres de PRG qui doivent si trouver en ce moment

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Bjr

La Turquie n'a pas changée l'aceuil est toujours aussi conviviale, la circulation idem ,il faut toujours être méfiant, pour les réparations de bon mécano qui vous offre le thé: j'ai parcouru ce pays il y a 30 ans en moto, reportage magnifique que de bons souvenirs, merci

@+

Ps le Boubou n'etait pas du voyage!! un chien vraiment sympa

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Ne me demandez pas mes traces GPS, je ne les ai pas gardées.

Bonjour,

Et bien c'est dommage.....Les copains auraient pu en profiter !!!

A+

La Turquie n'est ni le Maroc, ni la Sahara. On y est en Europe ou quasi... Ce n'est donc pas vraiment l'aventure ou le hors piste.

Je trouve donc un peu inutile (ou prétentieux...) de garder les traces d'une majorité de routes ou autoroutes. Quant aux quelques pistes que nous avons pratiquées, c'était chaque fois au petit bonheur la chance, souvent pour court-circuiter une route sur la carte, ou pour se trouver un endroit de bivouac sympa (dont par ailleurs je donne les réf. GPS, sous toutes réserves).

En tout cas, jamais des scoops... Et je m'en voudrais donc de recommander telle ou telle piste de forêt ou de montagne, alors qu'il y a peut-être bien mieux un peu plus loin.

Cordialement,

 

LFA

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La Turquie n'est ni le Maroc, ni la Sahara. On y est en Europe ou quasi... Ce n'est donc pas vraiment l'aventure ou le hors piste.

Je trouve donc un peu inutile (ou prétentieux...) de garder les traces d'une majorité de routes ou autoroutes.

LFA

 

Entièrement d'accord.

 

Quel plaisir de voir ou revoir ces lieux magnifiques d'un pays que j'ai parcouru à l'occasion de différents voyages .... avec une caravane, une voiture de location et enfin un 4x4. Il me " reste " à parcourir la région d'Ani, de Dogubayazit ainsi que le Lac de Van. C'est peut-être pour 2010, ce sera alors sur la route d'un voyage prévu en Syrie.

Très belles photos qui me rappellent de très bons souvenirs , mais aussi que j'ai de nombreuses photos argentiques à scaner.

Bons Trips et bonne balades.

A+

http://picasaweb.google.fr/jeanbess2000

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  • 2 semaines plus tard...

Bonjour à tous,

 

de retour aussi de 3 semaines en Turquie (4200 km dans ce beau pays) l'accueil y est vraiment super et je n'ai jamais eu de sentiment d'insécurité contrairement à toutes les personnes qui me disaient de faire attention dans ce pays... (bien évidement aucune n'y était allée...!... :2 (15): )

 

J'ai en stock les points de bivouac et de camping sympa pour qui le souhaiterait; Je confirme aussi pour les pistes, il y en a mais c'est difficile de s'y engager sans savoir ou elles vont réellement! ceci dit nous en avons fait quelques unes et vraiment à chaque fois les rencontre étaient géniales.

 

Je tape mon CR et vous en fait part très prochainement.

 

Fabien.

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