Une chanson (un petit bijoux ) de notre grand Boris Vian national. Quand en pense qu'il a écrit ca en 1956 !! Un visionnaire.
Refrain
C'est nous les pauvres gens
Les pauvres contribuables
Obligés de subir jusqu'à la fin des temps
Le sort auquel imper
Auquel imperturbables
Nous condamnent nos gou
Tous nos gouvernements.
1
Si tu t'offres cent francs d'essence
Y en a quatre-vingts pour l'Etat (1)
Regarde avec concupiscence
Les Cadillac... C'est pas pour toi
Dans ta deux chevaux ridicule
Sautille le long des chemins
Encore heureux si tu circules
On va t'en empêcher demain
Taxe sur l'alcool et la bière
Sur la gauloise et le pétun
Sur le triste célibataire
Qui est puni de n'être qu'un (2)
On te contrôle, on te surveille
Ah ! Tu t'achètes du gigot !
C'est donc que tout marche à merveille
Paie, goinfre ! paie à gogo.
2
Sur un plateau, l'Etat te donne
Une assiette... C'était trop beau
Elle est vide. Et toi, tu t'étonnes ?
Mais c'est l'assiette de l'impôt.
Tu te promènes dans la vie
Le torse bombé, plein d'allant
Gare à l'impôt sur l'énergie
C'est pour hier... ou même avant
Un beau jour, sur ton oxygène
On te branchera ton compteur
Simple tarif, l'air de la Seine
Double tarif, l'air des hauteurs
Voilà pourtant que tu te cabres
Tu préfères mendigoter
Ou te faire avaleur de sabres...
Taxe à l'a valeur ajoutée.
3
Un remède, le mariage
Te dis-tu soudain, et tu cours
Te chercher une fille sage
Sachant la cuisine et l'amour
Tu te dépêches, tu calcules
Qu'à douze enfants, l'allocation
De ton revenu minuscule Palliera la modération
Mais un inspecteur des Finances
Evente le truc avant toi
Et d'un texte plein d'élégance
Accouche... sans douleur, ma foi
Désormais la mairie te classe
Comme étalon reproducteur
On te mesure, et ça dépasse !
On te taxe sur la longueur.
4
Si tu payais pour quelque chose
Tu te ferais une raison
Mais malheur à celui qui ose
Demander où va son pognon
On a des routes dégueulasses
Pas d'écoles, mais des curés
Plus de bon vin, de la vinasse
Mais on nous fournit la purée
Le Gouvernement de la France
Républicain - ou qui le dit -
N'offre qu'un plat en abondance
Le poulet... tintin pour le riz
Et pour éviter la faillite
Aux pauvres marchands de canons
On fait la guerre à la va-vite
La guerre, on ne lui dit pas non...
Mais nous, les pauvres cons, les pauvres contribuables
Un jour s'en va venir où, la trique à la main
Nous nous consolerons en nettoyant l'étable
Où nos six cents cochons sont mûrs pour le boudin.
(1) Et l'Etat, c'est pas moi
(2) Q'un quoi, d'ailleurs ?
- 1956 -