Les fonctionnaires européens promis à la diète
Mots clés : Fonctionnaire, budget, BRUxelles, José Manuel Barroso, COMMission européenne
Par Jean-Jacques Mevel
29/06/2011 | Mise à jour : 21:41 Réactions (47)
Les États exigent de Bruxelles des économies sur les retraites, les salaires et les effectifs.
En nombre, ils ne pèsent que 0,1% à peine des fonctionnaires dans les frontières de l'Union européenne. Avec leur statut et les avantages qui y sont liés, les «eurocrates» font bien des jaloux. Mais ces quelque 50.000 privilégiés, jusqu'ici remarquablement immunisés contre l'austérité, s'apprêtent à subir une remise en question sans précédent depuis un demi-siècle.
C'est peu de dire que le torchon brûle entre les syndicats, l'employeur - la Commission, en l'occurrence - et surtout les payeurs, autrement dit les États membres. «Bruxelles doit régler d'urgence un sérieux problème d'équité et de crédibilité: elle ne peut pas à la fois exiger de tous les autres qu'ils se serrent la ceinture et en même temps maintenir un train de vie aussi élevé», insiste le trésorier d'un État membre. Onze pays - dont la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'essentiel de l'Europe du Nord - ont donc engagé le bras de fer, avec un ultimatum adressé à José Manuel Barroso. «Une réduction très substantielle des dépenses, incluant les salaires, les retraites et les avantages sociaux, s'impose», écrivent-ils noir sur blanc dans une lettre dont Le Figaro a obtenu copie. L'offensive contre les «avantages acquis» est frontale, à un moment où la Grèce s'impose de grands sacrifices.
Priorités respectées
Les hostilités qui se profilent mettent sous pression l'équipe Barroso, sommée de trouver des économies. Tant bien que mal, la Commission a bouclé ce mercredi sa programmation budgétaire jusqu'en 2020. Les crédits de la politique agricole restent inchangés en valeur absolue, comme l'exigeait Nicolas Sarkozy. L'Europe centrale, moins avancée, obtient le maintien des aides régionales. Les priorités du moment, comme l'énergie ou l'accès à Internet, semblent respectées. En revanche, l'idée d'une taxe financière, proposée par Bruxelles pour soulager la trésorerie européenne, est déjà plombée par un veto britannique.
Restent les coûts administratifs. Ils représentent certes moins de 6 % du budget de l'UE (8,3 milliards sur un total 126,5 en 2011), mais, pour les États membres, c'est un vrai gisement. Car, à l'instar de la Commission et de ses 34 000 agents, aucune institution européenne n'a encore été soumise à la rigueur. Cette époque est révolue. Responsable du dossier à Bruxelles, le commissaire Maros Sefcovic devait proposer hier soir plusieurs pistes d'économies : une réduction du personnel de 5 % d'ici à 2017, une semaine de travail portée de 37 à 40 heures et un âge de la retraite relevé de 63 à 65 ans.
Un régime des retraites trop cher
Mais la lettre des Onze va beaucoup plus loin. Elle s'en prend au régime de retraite, resté inchangé malgré trois ans de crise. Trop généreux, il coûtera bientôt plus cher que la masse des salaires européens. Une incongruité qu'un récent sommet européen jugeait «très préoccupante». Il faut dire que les capitales doivent éponger un déficit de 1,2 milliard d'euros par an. C'est plus que ce que la Commission a aligné en aide d'urgence en faveur de 11 millions de Grecs…
L'indexation sur la hausse des prix, à partir d'un indice «maison», est également dans la ligne de mire. Tout comme des indemnités cumulatives et le versement à vie d'une prime d'expatriation qui gonfle tout salaire de 16 %. Mais le plus étonnant est sans doute le système GVT («glissement vieillesse-technicité»), que les mauvaises langues surnomment le TGV des augmentations: un fonctionnaire de l'UE est régulièrement augmenté, même sans promotion. Ce qui, à titre d'exemple, permet à un(e) secrétaire d'achever sa carrière à 8 400 euros par mois. Net d'impôts.
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http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/06/29/04016-20110629ARTFIG00642-les-fonctionnaires-europeens-promis-a-la-diete.php