Depuis le début de l'année, les radars de vitesse ne sont plus vérifiés par des agents de l'État. Une "privatisation" passée totalement inaperçue, mais qui provoque une belle pagaille dans le calendrier des contrôles réglementaires - et obligatoires - que doivent subir ces appareils.
Selon l'article 20 de l'arrêté du 4 juin 2009 signé par le ministère de l'Industrie, qui réglemente les "cinémomètres de contrôle routier" (en clair, les radars), la vérification périodique des radars est en effet assurée par "l'autorité locale en charge de la métrologie légale", uniquement "en l'absence d'organisme désigné à cet effet par le ministre chargé de l'Industrie". Or, depuis décembre 2009, le ministère a dressé une liste de cinq organismes jugés aptes à étalonner le matériel. Aux utilisateurs de radars, ensuite, de passer un contrat avec l'un d'eux pour que leurs radars soient de nouveau vérifiés.
Et là, surprise : lepoint.fr a appris que le marché des 3.000 radars laser des gendarmes et des policiers n'a été attribué, par le ministère de l'Intérieur, que le 28 avril ! C'est le Laboratoire national de métrologie et d'essais (LNE), un établissement certes public, mais à caractère industriel et commercial, qui a décroché le contrat pour quatre ans.
Ainsi, entre décembre 2009 et le 28 avril 2010, soit pendant près de cinq mois, ces lasers n'ont pas été vérifiés... Résultat : plus de 40 % du parc de ces radars s'est retrouvé hors service. "Pour la police, le problème devenait même urgent", glisse un gendarme bien informé. La situation était particulièrement compliquée à Marseille - on évoque 70 % d'appareils indisponibles - , ainsi qu'en Lorraine, dans le Nord et en Midi-Pyrénées. À Paris, en revanche, on était loin de la pénurie... Nous voilà rassurés.
Un été compromis ?
Sollicitées par lepoint.fr, les autorités affirment que les radars dont la date anniversaire de la vérification annuelle était expirée ont bel et bien été remisés dans les placards... Pas question, selon eux, de dresser des P.-V. juridiquement contestables. N'empêche, en cas de doute, un automobiliste verbalisé pourra toujours vérifier, sur le laser, la présence de la vignette verte attestant de la validité de l'appareil. Car, c'est sûr, le retard ne sera pas rattrapé en quelques jours !
En effet, les contrôles n'ont repris qu'au début de ce mois, et seules deux personnes, au LNE, étaient alors formées pour superviser les étalonnages organisés... aux quatre coins de la France ! "On sera revenu à la normale dès la fin juin ", nous précise pourtant, optimiste, un responsable du laboratoire. "Pas sûr que tout soit prêt pour les grands départs de l'été", objectent plusieurs fins connaisseurs du dossier. D'autant que sous la pluie - abondante cette semaine -, les opérations de contrôle de ces radars laser sont suspendues.
Au final, le LNE n'aurait que quatre mois pour rattraper le retard, sous peine de devoir au ministère de l'Intérieur des pénalités, de l'ordre, dit-on, de "40 euros par appareil". Ce n'est pas rien, au regard du prix de la vérification facturé par le LNE : 65 euros hors taxes.
source : http://www.lepoint.fr/actualites-societe/2010-05-28/les-radars-n-ont-pas-ete-verifies-de-janvier-a-mai/920/0/460542