Le salage des routes est un véritable scandale écologique et économique, très peu abordé dans les médias officiels, qui traitent chaque hiver la question sous l'angle "sécurité des automobilistes" en allant interwiever le technicien de service de telle ou telle DDE.
Et pourtant, comment croire que ces salages intensifs et massifs en période hivernale, tout particulièrement lors des hivers très neigeux, n'ont pas de conséquences sur l'environnement?
Tout d'abord, quelques chiffres pour prendre conscience des enjeux: sur l'ensemble du territoire métropolitain, la consommation de sel pour le déneigement des routes atteint 750.000 tonnes, effectuée en majorité sur une période de dix jours, et pour la plus grande part, en zone de montagne. Il s'agit là de chiffres moyens, qui peuvent atteindre 1 à 1,5 millions de tonnes lors des "gros hivers" comme celui de 2004 par exemple, particulièrement neigeux en France. En Suisse, 106.000 tonnes de sel ont été déversées sur les routes pour le seul mois de février 2005!
En campagne et en montagne, tout ce sel se retrouve lessivé dans les torrents et rivières voisins.
Quelles sont les conséquences du sel pour l'environnement?
Une étude du Certu a pu montrer que sur le département du Nord-Pas-de-Calais, l'impact principal sur la pollution des sols vient du salage hivernal. Les effets du sel par infiltrations dans les sols sont certainement néfastes pour les nappes phréatiques.
De plus, la pénétration du sel dans les sols peut réduire leur perméabilité. Pour la flore, le sel est un facteur aggravant de dépérissement des arbres et des plantes confondus... Par extension, la faune est aussi touchée si elle s’abreuve dans les ruissellements d’eau ou si elle se nourrit des végétaux à proximité des épandages de sel.
L’entretien des routes conduit à l’utilisation de produits phytosanitaires. Le sel de salage des routes contient des traces de métaux lourds, en quantités infimes mais tout de même répertoriées (brome, additifs...), ce qui cause une pollution saisonnière en hiver. Ces diverses substances polluent et dégradent les milieux et provoquent souvent la disparition d’espèces.
Le sel (chlorure de sodium), ainsi que les métaux lourds, se retrouvent ainsi de manière brutale en quantités massives dans l'environnement. Les conséquences sont donc majeures pour les cultures situées près des routes, pour les cours d'eau (qui récupèrent le tout après lessivage des sols), pour les sols et les nappes phréatiques ainsi que pour les espèces aquatiques. L’épandage intensif de sel sur les infrastructures routières s’avère donc être un élément de stress pour l’écosystème environnant.
Egalement, le sel provoque la corrosion des métaux, avec des conséquences plus spécifiquement visibles en milieu urbain, pour le bonheur des garagistes. Enfin, il provoque une pollution visuelle et esthétique, la route devenant sale et la neige se transformant en boue.
Le coût économique du salage des routes
Sur le plan économique, il faut savoir qu'une tonne de sel coûte près de 100 euros! Avec un épandage moyen de 750.000 tonnes durant l'hiver en France, c'est donc environ 75 millions d'euros par hiver qui sont "jetés dans les rues"... Et encore, ce coût ne concerne que l'achat du sel et ne prend pas en compte l'achat des matériels, le coût de l'essence et les salaires des ouvriers!
Ces conséquences de la société de l'automobile, souvent peu abordées, existent seulement pour que les automobilistes puissent continuer à rouler quelles que soient les conditions climatiques!
En outre, l'argument de la "nécessaire sécurité" des automobilistes ne tient pas... la route! En Norvège, en Suède (pays proches de l’équateur comme chacun sait), on pratique la politique de la "route blanche"... pas de calcium, pas de potasse, les conducteurs s'adaptent et mettent des chaînes. En outre, on parvient à rouler plus vite et plus sûrement sur route enneigée que sur "soupe saline en perpétuelle surfusion".