Certains défendent l'idée avancée mercredi d'un permis de conduire à 16 ans, assorti d'un enseignement obligatoire de la sécurité routière et du code de la route à l'école dès la maternelle, tandis que d'autres crient au "casse-cou".
L'idée a été mise sur le tapis par Robert Namias, président du conseil national de la sécurité routière (CNSR) dans une interview au Parisien publiée mercredi.
L'association Victimes et citoyens et la fondation Anne Cellier ont, conjointement dans un communiqué, fermement pris position contre. Jehanne Collard, vice-présidente de la fondation Anne Cellier, a qualifié la proposition d'"hérésie".
"L'idée est d'apprendre aux plus jeunes enfants (...) dès l'école maternelle et primaire, à prendre conscience des dangers (...) L'enseignement se prolongerait plus formellement au collège, avec de vrais cours pour apprendre le code de la route et en fin de cycle, après plusieurs trimestres d'apprentissage, la validation par un examen pour l'obtention d'un certificat d'apprentissage du code de la route", a dit M. Namias.
"On passerait cet examen comme on passe aujourd'hui le BEPC. Le code de la route en poche, les jeunes pourraient ensuite, dès l'âge de 16 ans, choisir de prendre des cours dans une auto-école pour apprendre les techniques de conduite et passer l'épreuve pratique", a-t-il ajouté.
Interrogé par l'AFP, M. Namias a expliqué que cette idée lui était venue "après une réunion du CNSR au printemps" au cours de laquelle cette instance s'était demandé "comment sortir d'une politique purement répressive de la sécurité routière".
S'il se félicite des résultats positifs de cette approche, qui doit être "maintenue et appliquée avec grande rigueur", il estime toutefois qu'elle doit s'accompagner de "vraies réformes en profondeur qui modifient le comportement par la conviction" des dangers de la route.
Il écarte vivement l'argument du manque de maturité des jeunes à 16 ans: "à 18 ans, on ne l'est pas plus, et je rencontre des gens de 35 ans (...) qui n'ont rien compris aux dangers de la route". Et rapproche ce débat de celui sur la majorité civile à 18 ans des années 1970. La loi abaissant la majorité civile de 21 ans à 18 ans a été votée en 1974.
"Aujourd'hui, tout cela paraît absolument ridicule. Je peux dire que ce sera la même chose pour le permis", affirme-t-il.
Il fera de cette réforme la "priorité absolue" des travaux du CNSR pour présenter une "proposition parfaitement structurée, construite et validée par des experts" en "avril-mai" au gouvernement, qui en décidera.
M. Namias a indiqué avoir reçu des appels téléphoniques de la Ligue contre la violence routière et d'autres associations lui disant qu'ils étaient "prêts à se battre pour cette idée".
"Autoriser la conduite à cet âge en tablant sur une prise de conscience des dangers de la route est illusoire et dangereux", estiment à l'inverse l'association Victimes et citoyens et la fondation Anne Cellier.