Voici un magnifique et délicieux poème en alexandrin, créé par M. Thierry Chevrier.
Il y exprime à la manière de Corneille la rage et le désespoir qui peuvent nous habiter face a l'actualité ....
J’ai plongé dans le fiel d’une rage impuissante
Cette plume enfiévrée par ma douleur croissante.
Face au drame muet qui se joue sous nos yeux
Les mots me sont venus, vibrants et impérieux…
Le monde est accablé par le Covid-19
Et nous nous délectons d’un beau conflit tout neuf
Comme au temps de Molière et de sa médecine
L’hydroxychloroquine et l’azithromycine
Enflamment le pays pendant que les gens meurent
Mettant les sommités de fort méchante humeur…
« Comment, tempêtent-elles ? Ce savant de Marseille
Prétendrait hardiment nous dérober l’oseille ?
Faudrait-il accepter qu’avec ses molécules
Dont la fabrication coûte un prix ridicule,
Il ne vienne empêcher nos grands laboratoires
D’encaisser le pactole à la fin de l’histoire ? »
Aussitôt l’on s’unit en haut lieu pour agir
Et ridiculiser « fissa » ce triste Sire…
Sous les hautains atours de la Science outragée
On emploie les moyens de lui donner congé
En mettant en avant d’un air scandalisé
Ces règles que le bougre aurait vandalisées.
Unis dans le mépris, les légalistes beuglent :
« La randomisation ! Les tests en double aveugle ! »
C’est qu’il faut à tout prix décrédibiliser
Cet insolent chercheur aux trop nobles visées.
Tout est bon pour cela… « Vous avez vu son look ?
Et puis ses analyses, c’est brouillon : un vrai souk !
S’il a guéri des gens prétendument malades,
C’est qu’ils se portaient bien, arrêtez vos salades ! »
Le Conseil scientifique rassemblant ces égos
Suggère doctement des contretemps légaux
Qu’importe si les vieux encombrant les Ehpad
Succombent par milliers : « Hardi, mes camarades !
Insistons lourdement sur les dangers cardiaques,
En faisant des Français des hypocondriaques…
Campons le Plaquénil, qui soignait le palud,
En poison dangereux et en Mal absolu ! »
Car si Didier Raoult et sa grande expérience
Sont partout reconnus, auréolant la France,
Ce druide aux airs tranquilles et son remède agacent :
Il faut que son prestige dans l’opinion trépasse.
On lui accolera le mot « controversé »
Et au fil des sarcasmes, l’ironie déversée
Ternira son profil, lui donnant une image
De Raspoutine abject ou d’inquiétant Roi Mage…
Alors viendra le temps, l’hécatombe passée,
Où se partageront, toute trace effacée,
Les juteux bénéfices ardemment convoités
Acquis par l’artifice d’un cynique doigté !
La déontologie de ces fous du principe
Est de laisser crever des milliers d’innocents
Pourvu que la Méthode à laquelle ils s’agrippent
Ait été respectée, même si c’est glaçant…
Ces dignes scientifiques aux convictions ancrées
Répètent, inflexibles : « la Rigueur est sacrée ! »
La Vie pour eux l’est moins que leurs précieux axiomes
Si de leur liturgie ils observent les psaumes.
Cuistrerie, cécité, sottise et vanité
Sur ces augustes fronts sont fièrement portées
Mais de l’indignité leur orgueil les protège
Et toute humanité leur serait sacrilège !
Le jour viendra pourtant des macabres décomptes
Où tous ces inconscients devront rendre des comptes
Face aux tombes alignées creusées par leur mépris
Rengainant leur superbe, ils en paieront le prix…
Nul ne pardonnera leurs coupables intrigues
Conduites au nom hideux de ces profits qu’ils briguent
Ce jour-là, vengeresses, les âmes qu’ils suppriment
Reviendront sans pitié les châtier pour leurs crimes !
Écrit dans la matinée du 14 Avril 2020
(Antidote littéraire à mon exaspération) précise l'auteur, Thierry Chevrier