Tiens en attendant on va continuer avec le mégalo et un peu de polémique :
La phase III du gigantesque programme lancé en 1983 par le colonel Muammar al-Kadhafi : le GMR – Great Man made River, en français la "grande rivière construite par l’Homme", la Grande Rivière Artificielle. Son objectif : utiliser les réserves d’eaux fossiles du Sahara pour alimenter la franche côtière du pays, plus propice à l’agriculture et où aussi se concentrent les trois-quarts de la population (6 millions d’habitants dont 1 million d’immigrés).
Ces réserves d’eaux souterraines – laissées à la fin du néolithique saharien, 2 000 ans av. J.-C. – sont énormes ; la Grès de Nubie, partagée en l’Egypte, la Libye, le Soudan et le Tchad, s’étend sur 250 000 km2, la moitié de la superficie de la France, en atteignant à certains endroits une épaisseur de près de 3 km. Sur le seul territoire libyen, plus de 120 000 milliards de m3 de réserves ont ainsi été recensés entre quatre grands bassins : ceux de Sarir et de Kufra, à l’est du pays et ceux de Murzurq et de Hamadah, à l’ouest… De quoi faire rêver.
Une tranchée profonde de 7 mètres, des pipes de 4m de diamètre...
De l'eau pompée en toute impunité, (il en est de même pour le pétrole) et la population ne profite de rien de tout celà:
Le projet de la Grande Rivière Artificielle a été défini sur 25 ans, de 1985 à 2010, et devra à terme permettre le transfert de 6,5 millions de m3 d'eau par jour, soit 2 milliards par an, pour un investissement global de près de 30 milliards de dollars.
Les deux premières phases du programme, confiées au chaebol sud-coréen Dong Ah.
Quels sont les risques de l’exploitation à une telle échelle de ressources non renouvelables ? Beaucoup estiment que les aquifères sahariens ne pourront soutenir une exploitation de plusieurs centaines d’années ; quelques décennies tout au plus et à un coût de plus en plus prohibitif.
Alors qu'il existes des moyens de dessalement de l'eau de mer moins couteux en termes environementaux et économiques. Mais Muamar n'a pas la technologie (en fait il l'a mais ne sait pas s'en servir) ni les techniciens.
Au-delà de son gigantisme, le projet de la Grande Rivière Artificielle – premier programme de transfert massif de l’eau au monde – est fortement prémonitoire. D’autres projets tout aussi colossaux sont sinon engagés, du moins à l’étude, en Afrique du Sud, en Chine, en Amérique. S’ils concernent pour l’instant principalement les eaux de surface, on sait que la planète ne pourra longtemps ignorer ses ressources cachées : les eaux souterraines. Pour la Libye, le Grande Rivière Artificielle est aussi fortement symbolique : c’est l’Homme qui a forcé l’eau. Une rupture sans doute définitive avec un mode de vie ancestral. 85 % des Libyens vivent aujourd’hui en ville... et pour cause!