Un petit texte que j'ai écrit ce matin, ailleurs...
Personnellement, je n'ai que très rarement ouvert Charlie Hebdo. C'est pas mon truc. Pas mon truc parce que la Liberté de la Presse n'autorise pas à mon sens à taper n'importe comment sur n'importe quelle idée, de façon ouverte ou pas. En règle générale, je fais mon chemin peinard, et j'évite de juger. Cela ne m'empêche en rien de penser, ni d'avoir des avis.
Non, ce que je trouve révoltant, ignoble, vil, c'est ce mitraillage froid, condescendant, de personnes armées de crayons. Des pacifistes reconnus pour la plupart. Des gars qui auraient réfléchi 15 fois avant d'écraser une mouche. Des gens qui bien évidement n'étaient en aucune manière capables ni de s'échapper, ni de se défendre. Des gens qui ont sûrement compris, au dernier moment, ce qui se passait. Mais n'ont rien pu faire. La fin a probablement été terrible. Absolument terrible.
Comme la fin de ce policier au sol, cet homme qui devient le symbole de toute une profession, de tout un pays. Cet homme qui n'en finit plus de mourir sur you tube... Un policier qui a fait son devoir jusqu' à son dernier souffle, occupant le terrain et demandant aux gens de s'éloigner des fenêtres sans lui-même se mettre à l'abri. Il s'appelait Ahmed.
Au delà, c'est la liberté d'expression que l'on a tenté de museler, par la peur. Cette peur, cette brume insidieuse qui peut parfois se cacher dans les cœurs les plus purs, et leur faire détourner le regard.
Alors cette peur, cette menace de nos valeurs, de nos institutions, des idées pour lesquelles les pères de nos pères ont lutté et sont souvent morts, il faut lui tenir tête. D'abord en l'identifiant, en la cernant, sans faire d'amalgame. Cette peur est devenue au fil des années l'ennemi intimement caché de tout un pays. Il faut la débusquer pas à pas, l'obliger à se découvrir, à sortir de l'ombre dans laquelle elle se complaît. La pousser au grand jour, et l'éradiquer.
Nous sommes dans un État de Droits, notion fondamentale, creuset de la République. Ce qui implique que nos moyens sont ceux de citoyens dans un état régalien. Nos outils sont donc notre expression, notre inscription dans les valeurs républicaines, nos manifestations, notre solidarité. Ils peuvent sembler dérisoires, mais ils sont colossaux. Choisissons ces moyens d'action pas uniquement pour leur légalité, mais aussi pour leur efficacité à moyen et long, très long terme.
La bête n'est pas morte, mais ensemble nous la crèverons.