Ca, c'est parce que tu n'as pas connu ma coiffeuse, à l'époque bénie de l'adolescence. Temps merveilleux ou je m'asseyais avec une joie non dissimulable sur le lourd fauteuil pivotant, et lorsque ses yeux maquillés avec patience se posaient sur les miens avec une délicatesse non feinte, m'enveloppant dans un ample mouvement tauromachique d'une cape rouge pour couvrir mes épaules. C'était parti pour 30 minutes de pur bonheur, ou les mains caressantes se perdaient dans mes cheveux encore empêtrés eux aussi d'une gaucherie adolescente, ou la séduction croit dans le mutisme et la pureté des sentiments.
Avec elle, superbe trentenaire finissante, le corps ondoyant moulé dans une féminité de princesse ensauvagée, je restais coi et muet d'admiration et d'amour fou, rêvant de chevaux blancs mais surtout de chevauchées gracieuses un peu moins nuptiales que charnelles, platoniques hélas par miroir interposé. Elle, parfois délicieusement provocante, penchée d'un air trop innocent pour etre virginal, me laissait entrevoir la volupté faite femme dans un décolleté si plongeant que c'est en ce décors qu' à du me naître le vertige. Un homme passé en ses mains expertes ne pouvait devenir plus tard qu' un afficionado de l'érotisme merveilleux de la suggestion, sensible aux contrastes et aux non dits, rêvant des années de ces moments merveilleux qui, à défaut de batir une situation, forgent un homme.
A Ghyslène, donc.....